Aux FC aussi, le Projet d’Entreprise est source de mal-être

« Mon job est ultra répétitif, je fais des copier-coller toute la journée, avec une charge déraisonnable ».

C’est avec cette phrase que nous avons récemment été accueilli·es dans un collectif FC. Cette perte de sens au quotidien traverse les étages et les directions et contribue au mal-être global des équipes.

Depuis le lancement du Projet d’Entreprise, de nombreuses entités (directions, services) ont été modifiées, créées, fermées, entraînant une instabilité généralisée. Cette instabilité se manifeste par des reprises d’activités, des transferts d’ETP, des modifications d’interfaces et des changements d’outils.

La simultanéité de ces changements empêche chaque collectif d’absorber pleinement et sereinement leurs impacts.

A ces changements simultanés d’interfaces s’ajoute un contexte historique d’intensification des activités de RTE, caractérisée par un manque de ressources : le nombre de PTF (proposition technique et financières = document construit par les services raccordement, accompagnés de DI) dans le cadre de nouvelles demandes de raccordements en hausse exponentielle, la nécessité d’adapter le réseau pour répondre aux besoins de décarbonation, les négociations du TURPE 7, un ensemble de nouvelles productions en lien avec la transition énergétique, …  Ce sont autant de briques d’un « mur » colossal qu’il nous faut franchir, ce qui crée une pression immense pour faire plus, plus vite, souvent au détriment de la qualité du travail et toujours au détriment des conditions de travail et de la santé.

La CGT des FC a écouté de nombreux agent·es de RTE et des FC qui ressentent cette accélération dans leur quotidien : vous êtes sollicité·es par des réunions qui se glissent directement dans votre agenda, peu importe que vous soyez disponible ou pas, des appels teams sans préavis, des reportings à tout va, le tout parfois couronné d’une suspicion de votre direction quand vous êtes en télétravail. Notons au passage que les entreprises avec des sites en Ile de France ont été incitées à assouplir leurs règles de télétravail pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été, choix que RTE n’a pas souhaité faire.

De très nombreuses équipes se trouvent en difficulté, qu’elles soient en charge des nouveaux achats ou de la comptabilité, du recrutement des nombreuses personnes nécessaires pour mener à bien notre mission, de la paye toujours plus complexe, de l’accompagnement juridique et de la gestion des nouveaux clients, des productions démultipliées pour l’externe, de l’adaptation des outils, politiques et doctrines, etc.

Nous avons porté cette situation à l’attention de plusieurs managers, jusqu’au plus haut niveau de l’entreprise. Nous nous sommes notamment appuyés sur l’exemple du REX qui est un sujet qui représente bien les difficultés actuellement rencontrées :

 

L’activité de REX (retour d’expérience) est une démarche qui vise à améliorer nos processus, méthodes, interfaces, etc. en analysant une situation passée et en tirant des enseignements. Fondement essentiel de la pratique industrielle, c’est une activité d’amélioration continue sur le long terme : elle nécessite de pouvoir y consacrer du temps et de la disponibilité intellectuelle.

Le sentiment que l’activité de REX n’est pas aujourd’hui entièrement maitrisée conduit naturellement à une anxiété collective des agent·es en lien avec les activités industrielles de RTE, cette dernière se traduisant ensuite dans les gestes métiers. La crainte est que l’on passe d’une question de facteur humain aujourd’hui, à un risque RPS demain, et à un risque réseau après-demain.

Par exemple aux FC, AESIS vient d’être créé pour centraliser les REX transverses et à forts enjeux à la maille de l’entreprise. AESIS regroupe donc aujourd’hui une bonne partie des activités au préalables réalisées en Services Performance (dans les Centres Exploitation). Cependant, les REX qui ne répondent pas aux critères de transversalité ou d’enjeux particuliers ne sont pas réalisés par AESIS. Ce choix, bien qu’intentionnel et prévu dans les dossiers de CSE ou CSEC de l’époque de la conception du PE, conduit les acteurs concernés à manquer d’informations, à un « trou dans la raquette » évident : qui pour faire des REX régionaux ou purement métier ? qui pour analyser les signaux faibles ? qui pour répondre aux questions des clients ou des services l’état à la suite d’événements électriques sans enjeu particulier du point de vue de l’entreprise ?

Nous avons posé ces questions à la direction qui nous indique qu’elles seront étudiées. En attendant, vous êtes très inquièt·es et nous le comprenons. Conduire à l’aveugle est rarement une bonne idée, et à trois semaines des JOP c’est carrément inconscient !

 

Nous avons besoin d’avoir un travail supra directions pour améliorer rapidement la situation car tout se joue aux interfaces. Les personnes ont le sentiment de mal faire leur travail, que Rte ne va plus être en capacité de mener sa mission de service public, et que les équipes vont craquer sans que le management de l’entreprise ne s’en émeuve. Cette situation n’est pas tenable !

La CGT porte les revendications suivantes :

1/ Cadre de travail adéquat : L’entreprise doit offrir aux salariés et salariées un cadre de travail (charge, organisation, locaux) permettant de réaliser correctement leurs activités. Travailler constamment en mode dégradé est inacceptable face aux enjeux, à la durée des projets et à nos obligations de service public.

 2/ Clarification des objectifs : Si RTE confirme sa volonté de renoncer à certaines activité (ou à leur niveau de qualité attendu), la direction doit clarifier les nouveaux objectifs en prenant en compte les remontées et alertes du terrain.

 3/ Moratoire sur le Projet d’Entreprise : Nous demandons un moratoire sur la mise en œuvre du Projet d’Entreprise jusqu’à ce qu’un travail sérieux, impliquant les agent es, soit effectué sur les interfaces et processus, en distinguant les renoncements éventuels et les « trous dans la raquette ». Ce besoin est urgent et nécessite un accompagnement des personnes concernées.

 

Quoiqu’il en soit, il faut aujourd’hui et de manière urgente, obtenir plus de ressources, plus de temps et un droit accru à l’erreur. L’argument visant à aller vers plus de standardisation de nos processus n’est pas recevable car cela conduit déjà à une déshumanisation des activités et à un déficit d’intérêt pour nos métiers, qui est préjudiciable pour la santé des personnes et l’accomplissement de nos missions de service public.

 Les agents ne sont pas des machines.

Vos représentant·es CGT en CSE FC

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2 réactions

  1. Je suis chez RTE depuis 15 mois. J’ai quitté ma précédente entreprise (la RATP) qui se réorganisait tous les 5 ans. Chaque cylcle durant de réorg durant 5 ans, il s’agissait en réalité d’une réorganisation permanente…
    Cela ne donnait pas un climat de travail sereint.
    Et quelle joie de redécouvrir cela chez RTE.
    Si j’ajoute à cela densification des espaces de travail à Window… si j’avais ou je sera retourner là ou j’étais avant… au moins j’étais rodé.
    Sinon à part, étant encore frais dans mon poste, je n’en ai pas fais le tour donc pour le moment pas de sentiments de « copier-coller » et la charge de travail est raisonnable.
    Mon plus gros désagrément est l’effet « tromperie sur la marchandise » entre l’offre de poste qur laquelle j’ai postulé et le poste réel. Mais il parait que c’est courant chez RTE. Après j’ai malgré tout choisi de relever le défi. Je verrai fans 5 ans si je le regrette.

    1. Merci pour ton retour Thibaut ! N’hésite pas à passer dans notre local au 1er étage pour partager un café et discuter de cette déception…

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